Saleh al-Arouri : le 7 octobre, le Hamas n’a ciblé ou capturé aucun civil israélien
Interview du chef adjoint du Bureau politique du Hamas, le 12 octobre 2023, dans lequel il révèle que les combattants du Hamas avaient pour instruction de n’attaquer et capturer que les soldats israéliens. Des colons ont été faits prisonniers par des Palestiniens non affiliés au Hamas, qui ont profité de la rapidité imprévue de l’effondrement de la division de Gaza pour pénétrer dans les kibboutz et colonies. Ne faisant pas partie du plan des Brigades al-Qassam, ils auraient pu être relâchés dès le début sans échange de prisonniers, mais Israël a refusé, comme l’a révélé le Times of Israel. Saleh al-Arouri a été assassiné par Israël à Beyrouth le 2 janvier 2024.
Source : Al-Jazeera
Traduction : lecridespeuples.substack.com
Journaliste : Monsieur Saleh al-Arouri, chef adjoint du Bureau politique du Mouvement de résistance islamique Hamas, nous vous souhaitons la bienvenue. Monsieur Saleh, la situation actuelle dans la bande de Gaza est difficile en raison de la politique de la terre brûlée menée par Israël, comme tout le monde le constate. Comment le Hamas, le Mouvement de résistance islamique, envisage-t-il l’avenir de cette bataille ?
Saleh al-Arouri : Au Nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Tout d’abord, nous présentons nos condoléances aux familles des martyrs et à leurs proches, ainsi qu’à l’ensemble de notre peuple pour ces victimes des crimes sionistes, et nous demandons à Dieu de leur accorder Sa miséricorde ainsi que la guérison aux blessés, et d’accorder la victoire et la liberté à notre peuple, avec la Grâce de Dieu.
Cette bataille n’est qu’une phase dans la lutte de longue date de notre peuple contre l’occupation, qui a commencé dès le premier jour. Notre peuple n’a jamais cessé de résister à ce projet criminel et agressif contre l’existence de notre peuple, qui s’est établi sur les ruines de notre nation, de nos villages, de nos villes, de nos maisons, de notre avenir, de nos aspirations et de nos espoirs.
Ainsi, cette bataille représente une étape cruciale vers la libération de notre peuple, et pour faire reconnaitre au monde entier nos droits et la légitimité de nos revendications : vivre librement dans un État indépendant et totalement souverain, sur notre territoire national, exempt de toute oppression, siège ou agression, de toute profanation de nos lieux saints et de tout type d’agression. C’est pourquoi nous estimons que cette bataille ne peut avoir qu’une seule issue : la victoire sur cette agression et ce crime et l’obtention pour notre peuple de la liberté complète, avec la grâce de Dieu.
Journaliste : Comment réagissez-vous aux prises de position, en particulier celle des États-Unis ? Comment percevez-vous les déclarations américaines à différents niveaux, qui a culminé en la visite d’aujourd’hui du Secrétaire d’État américain auprès de Benjamin Netanyahou et des dirigeants israéliens ?
Saleh al-Arouri : Naturellement, la position américaine et occidentale est un prolongement de leur premier crime : avoir créé cette entité coloniale sur les ruines de notre peuple, lui confisquant le droit à la vie, à la terre, et à ses lieux saints, pour les donner à des étrangers rassemblés du monde entier. Ils ont commis le premier crime, et aujourd’hui ils s’estiment contraints de persister dans leur crime et de la protéger de manière brutale, arrogante, hypocrite et criminelle. Je suis abasourdi de voir les Américains et les Occidentaux se permettre de parler des crimes de guerre, du génocide et des crimes contre l’humanité qu’aurait soi-disant perpétrés le Hamas, nous décrivant comme des bêtes humaines, tout en ignorant la destruction de notre peuple et sa déportation depuis le début, et la guerre qui lui a été déclarée depuis qu’ils ont créé cette entité.
Les massacres contre les civils ont toujours été au cœur du projet israélien. Comment expliquer autrement le déracinement de tout un peuple de ses villages en 1948, jeté dans la diaspora ? Cet Etat (usurpateur) a été fondé dès le début sur la guerre et les crimes contre les civils, et l’Occident l’a couvert à toutes les étapes. Je suis stupéfait d’entendre les Américains nous donner des leçons sur la conduite éthique de la guerre alors qu’ils ont exterminé des peuples entiers en Amérique pour prendre leur place, et largué des bombes nucléaires sur des villes civiles japonaises durant la Seconde guerre mondiale. Je suis choqué d’entendre les Français parler de valeurs humaines tout en ayant massacré les Algériens par millions durant leur occupation du pays.
Le fascisme, le nazisme, les guerres de religion et les guerres sectaires, le communisme et le stalinisme ne sont pas le produit du Moyen-Orient, mais de l’Occident. Toutes les idéologiques criminelles de l’histoire de l’humanité sont le produit de l’Occident. Notre région, en revanche, a toujours été pluraliste, abritant le judaïsme, le christianisme et l’islam, et nous avons cohabité pacifiquement au fil de l’histoire.
Les juifs n’ont jamais subi de génocide dans notre région, car cela est étranger à notre culture et à notre civilisation. Vouloir nous peindre comme des criminels ou des nazis qui exterminent les femmes et les enfants, c’est une inversion accusatoire. Ce sont les Israéliens présents aujourd’hui, issus de la civilisation occidentale, avec leurs alliés occidentaux, qui perpétuent leur tradition de génocide, et pas nous.
En vérité, via cette interview avec Al-Jazeera, j’aimerais clarifier les accusations portées contre nous, et en particulier contre le Hamas dans le cadre de la dernière bataille honorable menée par les brigades Al-Qassam. Nous sommes accusés d’avoir tué des civils, au point que durant la conférence de presse qui s’est tenue il y a peu, Netanyahou et Blinken ont parlé de femmes violées, d’enfants brûlés et de civils tués en masse. Je tiens à présenter notre version des faits officielle au nom des dirigeants du Hamas sur ce qui s’est passé durant l’attaque des dirigeants d’Al-Qassam contre la division de Gaza.
Journaliste : Je vous en prie, Monsieur Saleh al-Arouri, quelle est donc la version officielle du Hamas concernant ces événements ?
Saleh al-Arouri : La position officielle du Hamas est claire : nous ne prenons pas pour cible les civils, ni dans notre idéologie, ni dans notre direction, ni dans notre politique. Nous ne ciblons pas les civils. Mais bien sûr, durant le conflit, des civils peuvent être blessés ou tués, mais cela est inévitable dans un affrontement ouvert. Pour sa part, Israël bombarde Gaza avec des centaines de milliers de tonnes de bombes et d’obus, qui ciblent des immeubles résidentiels et sur leurs habitants, ce qui est sans commune mesure. Il est donc naturel que l’ennemi s’attende à avoir des pertes civiles. Quant à l’opération menée samedi matin, elle était disciplinée et bien planifiée. Les directives des frères des Brigades al-Qassam étaient claires : il s’agissait d’attaquer la division de Gaza, cette unité militaire présente dans l’enveloppe de Gaza et responsable de tous les crimes perpétrés contre notre peuple à Gaza : elle est responsable du blocus de Gaza, des bombardements contre Gaza, des assassinats, des incursions... Nous avons donc mené une opération préventive, car nous savions qu’ils faisaient des préparatifs pour lancer une attaque terrestre contre nous après leur fête (de Yom Kippour). Nous avons donc lancé cette opération préventive contre la Brigade de Gaza.
Ce qui s’est passé, c’est que selon nos plans et nos prévisions, les frères devaient se diriger vers la division de Gaza et en attaquer tous les postes, jusqu’à celui du commandement de cette division, puis à partir de là contre l’aéroport militaire situé au-delà. Et certaines forces devaient se diriger sur les kibboutz et les colonies pour en prendre contrôle et empêcher que d’autres unités interviennent contre nos forces qui attaquaient la division de Gaza.
La surprise a été que cette armée prétentieuse, experte quand il s’agit de perpétrer des crimes avec des avions, de l’artillerie et des chars, s’est effondrée beaucoup plus rapidement que ce que les dirigeants de Qassam avaient prévu. Ils s’attendaient à ce que la bataille dure de nombreuses heures, mais la division s’est effondrée en très peu de temps : en trois heures à peine, toute la division a été capturée, y compris son quartier général, et les soldats ont été tués, capturés ou ont fui de manière éperdue, abandonnant leurs casernes, les colonies et les kibboutz.
L’occupation, par sa violence criminelle et en propageant toutes ces fausses rumeurs, cherche à semer la confusion et à masquer l’humiliation de son armée, qui n’a pas su défendre son quartier général ni les colonies et les kibboutz.
Journaliste : Avez-vous contacté les parties impliquées dans le conflit pour clarifier votre point de vue et cette position ?
Saleh al-Arouri : Nous avons informé les parties, mais je présente maintenant cette position officielle, et nous l’enverrons à toutes les parties concernées. Nous espérons que vous contribuerez avec tous vos moyens à diffuser cette position officielle du Hamas.
Je vais continuer à expliquer ce qui s’est passé. Lorsque la division de Gaza s’est effondrée de façon inattendue, les habitants ont compris que les frontières étaient ouvertes et que l’armée à la périphérie s’était effondrée. Un certain nombre de civils, de jeunes et d’hommes armés sont entrés sur les lieux. Cela a créé un certain chaos dans les affrontements, imprévu, et des gens ont pu parvenir aux kibboutzim et aux colonies. Dans ces kibboutzim et colonies, certains gardes de sécurité, soldats et colons se sont retrouvés face à face avec des jeunes des Brigades al-Qassam, ce qui a entraîné des victimes civiles.
Je tiens à clarifier un autre point : l’armée israélienne dispose d’une procédure appelée « Hannibal », qui implique que si des otages ou prisonniers sont capturés par leurs ennemis, l’armée israélienne a le droit de tuer automatiquement ces otages et leurs ravisseurs. Cette procédure a été appliquée durant l’opération, et il est possible que des jeunes de la résistance ou parmi les Palestiniens qui sont entrés sur les lieux aient détenu des civils pour empêcher toute interférence ou perturbation aient été attaqués par l’armée israélienne elle-même, qui a frappé à la fois les Palestiniens et les détenus israéliens. Nous savons que des Palestiniens ont été ciblés, tuant les ravisseurs et leurs détenus.
Nous avons le plan militaire des brigades Al-Qassam, comme l’a annoncé le frère Abu Khaled Al-Deif dès la première heure, lorsqu’il a fait sa déclaration officielle. Il a dit que nous allions combattre l’armée israélienne, et il a donné des instructions officielles aux moudjahidines, avant et après leur sortie, en disant : « Ne tuez pas de femmes, d’enfants ou de personnes âgées. » Ces instructions ont été enregistrées. Dans plusieurs vidéos, y compris celles diffusées par Al Jazeera hier, on voit des jeunes de Qassam escortant une femme (israélienne) et ses enfants sur la route, puis continuant leur chemin, et beaucoup d’autres histoires similaires. C’est la vérité : nos moudjahidines ne ciblent pas les civils, et il est impossible qu’ils aient commis les crimes dont parle l’occupation, tels que le viol ou le meurtre d’enfants et de civils. Mais l’armée israélienne s’est effondrée et n’a pas réussi à se protéger ni à protéger les civils. Ceux-ci se sont retrouvés au centre des affrontements dans des zones ouvertes, et de nombreux hommes armés ont pénétré dans ces zones, ce qui a conduit à un certain nombre de victimes civiles.
Nous ne nions pas que des civils ont été tués, mais nous affirmons à 100% que s’en prendre aux civils ou les tuer ne faisait pas partie du plan d’al-Qassam. Les jeunes combattants des Brigades d’al-Qassam ont capturé des soldats et les ont ramenés à Gaza. Il y a également des civils qui ont été capturés et ramenés à Gaza par des Palestiniens ordinaires (non affiliés au Hamas). Ce n’est pas la politique du Hamas de nuire aux prisonniers ou aux civils. C’est notre position officielle : nous sommes une organisation responsable, et nous agissons en premier lieu selon notre religion, qui nous interdit de faire du mal aux civils ou à leur vie. Nous respectons également les lois internationales de la guerre, et nous menons notre résistance à l’occupation sous une légitimité internationale, qui nous donne le droit de combattre cet ennemi jusqu’à ce que le monde reconnaisse notre droit à la vie et à la liberté, comme pour tout autre être humain.
Journaliste : Les déclarations, les indicateurs et les estimations, en particulier celles des Israéliens, parlent d’une prolongation possible de cette bataille. Pensez-vous qu’elle pourrait s’étendre au-delà de la bande de Gaza ?
Saleh al-Arouri : Toutes les possibilités sont ouvertes à 100 %. Nous sommes entrés dans cette bataille et nous avons nos calculs dans tous les domaines. L’ennemi sait que la bataille militaire est perdue pour lui, et cela ne relève plus de la simple rhétorique. Dès le premier affrontement entre nos soldats et son armée, équipée de toutes les sortes d’armes, le monde a constaté que la bataille militaire penchait en notre faveur. Je vais vous révéler quelque chose : nous sommes entrés dans cette bataille avec environ 1 200 jeunes de Qassam, et en moins de trois heures, ces 1 200 personnes ont pris le contrôle de toute la division de Gaza [comportant des troupes 5 à 10 fois plus nombreuses].
Maintenant, l’ennemi parle d’envahir Gaza, mais il sait que c’est impossible et que cela transformerait la guerre en un désastre absolu pour son armée et pour lui-même. C’est pourquoi je vous affirme que cette criminalité sans précédent, en coupant l’électricité, l’eau, la nourriture, en fermant tous les points de passage et en frappant tous les lieux de Gaza — des quartiers civils, des mosquées, des hôpitaux, des ambulances — vise d’abord et avant tout à tenter d’effacer les stigmates de honte qui l’ont marqué dans cette bataille qui a révélé au monde la véritable nature de cette entité et sa réalité. Elle a montré à notre Nation (arabo-musulmane) et aux pays de la région, qui coexistent avec cette entité depuis 70 ans, que l’idée de l’invincibilité de cette armée et de cette entité n’était qu’une illusion trompeuse.
Voilà pourquoi ils cherchent à tourner cette page, mais elle ne se tournera pas.
Journaliste : Très bien, M. Saleh al-Arouri, à ce stade, beaucoup de questions vous sont posées, à vous en particulier. Les nouvelles et les préparatifs à la frontière de Gaza mentionnent des renforts de sécurité importants, ce qui semble indiquer que l’occupation pourrait envisager une invasion terrestre à grande échelle de la bande de Gaza. Comment le Hamas et la résistance palestinienne se préparent-ils à ce scénario ?
Saleh al-Arouri : Je vous assure, ainsi qu’à tous les téléspectateurs, qu’avant même que les moudjahidines ne lancent l’attaque contre la division de Gaza, l’ensemble du plan de défense était déjà prêt. Chaque élément de notre stratégie défensive pour Gaza était en place. Le fait que les moudjahidines ont pu s’emparer de la division de Gaza en quelques heures indique que notre plan défensif est encore plus solide que notre plan offensif, et l’occupation le sait bien. Je ne fais là aucune révélation.
Je le dis maintenant à notre peuple arabe et islamique, et en premier lieu au peuple palestinien : la structure militaire de la résistance reste intacte malgré les frappes de l’occupation, qui ne cible que les infrastructures civiles. La structure militaire, elle, est toujours en place, de même que notre plan de défense. Nous avons déjà commencé à mettre en œuvre la deuxième phase de notre stratégie. En réponse aux attaques contre les civils, les brigades Al-Qassam ont ordonné l’évacuation de certaines zones (israéliennes) voisines, comme Ashqelon il y a deux jours, et nous continuerons à frapper cette ville jusqu’à son évacuation. De même, la colonie de Sderot a également été évacuée sur décision des autorités de l’occupation. Nous avons des plans en réaction aux actions de l’ennemi.
L’ennemi pense qu’il pourra briser notre résistance en intensifiant ses crimes à Gaza et en Cisjordanie, où il perpètre également des crimes atroces. Par exemple, hier, des colons ont attaqué le village de Qusra, tuant trois de ses habitants et blessant beaucoup d’autres. Aujourd’hui, lors des funérailles de ces martyrs, les colons ont encore une fois attaqué le cortège, tuant des civils supplémentaires. Ils perpètrent des crimes contre notre peuple en tous lieux.
Nous sommes à Gaza et, avec la Grâce de Dieu, nous nous battrons sur toute la Palestine. Gaza vous a déjà surpris avec une frappe qui vous a désorientés et vous a fait perdre la capacité de commandement et de contrôle, et notre peuple et notre Nation (arabo-musulmane) vous surprendront encore en tous lieux, avec la Grâce de Dieu. Nous ne nous battons pas en vain, ni pour commettre un génocide, mais pour faire reconnaître à ce monde et à cette entité notre droit de vivre comme tous les autres peuples. Ce n’est pas une demande exagérée.
Journaliste : Vous dites que le plan défensif est plus puissant que le plan offensif, mais face aux bombardements de civils et aux souffrances dans la bande de Gaza, que tout le monde observe actuellement, dans quelle mesure cela vous met-il sous pression ?
Saleh al-Arouri : Comme le montre bien Al-Jazeera, l’occupation ne frappe pas l’infrastructure militaire, mais il cible toute chose, principalement les civils, car elle échoue à atteindre nos infrastructures militaires. La structure militaire est intacte et prête. L’occupation, qui possède des avions, des chars, de l’artillerie et des services de renseignement, devrait être condamnée par le monde entier pour ces frappes ciblant directement des civils. Pourtant, l’Occident applaudit, couvre et soutient cette entité criminelle, mettant à son service des porte-avions, des munitions, des drones, ainsi qu’un soutien financier et moral.
Mais nous, au Hamas et en tant que peuple palestinien et mouvement de résistance, nous appelons les peuples de notre Nation (arabo-musulmane) à se tenir aux côtés de la Palestine et d’Al-Quds (Jérusalem), de soutenir notre droit en tant que peuple arabe et islamique en Palestine. Demain, vendredi, ô notre Communauté arabe et musulmane, ô tous les hommes libres du monde, que votre message soit plus fort que les porte-avions américains : descendez dans les rues et montrez que vous êtes avec la Palestine, avec Al-Quds.
Journaliste : Le mouvement Hamas renouvelle donc son appel à la mobilisation populaire, comme lors de la dernière phase.
Saleh al-Arouri : Oui, nous réitérons notre appel à toute la Nation (musulmane) : votre soutien à la Palestine et à Al-Quds est plus important que les porte-avions américains. Chaque action compte et ne doit pas être sous-estimée. Lorsque le monde voit que toute une Nation, de la Mauritanie au Bangladesh, soutient la Palestine, Al-Quds et les droits de ce peuple sur ce territoire, cela envoie un message puissant. Le peuple palestinien mérite la liberté, tout comme les autres peuples, et non pas d’être considéré comme des « animaux humains », comme a osé le dire le criminel Gallant, ministre sioniste de la Défense. Demain est le jour de votre secours pour la Palestine. Nous misons plus sur le peuple que sur les organisations officielles, même si nous apprécions tous les efforts qu’elles pourront déployer. Mais c’est avant tout à notre Nation et à notre peuple palestinien, à l’intérieur de la Palestine et à l’extérieur, que nous faisons appel pour aider notre cause.
Journaliste : Concernant la question des otages, Israël a essayé ces derniers jours de montrer de l’indifférence ou un certain désintérêt pour ce dossier. Y a-t-il des nouvelles sur ce sujet ?
Saleh al-Arouri : Je le jure par Dieu, il me semble qu’Israël est résolu à les tuer pour se débarrasser de ce dossier. Leur politique consiste à éliminer les prisonniers, comme cela a été le cas dans certaines de leurs opérations où des détenus ont été tués avec leurs ravisseurs. Il ne s’agit pas d’enlèvements ni d’otages, mais d’une opération militaire durant laquelle des prisonniers ont été capturés. On entend parler de détenus américains et français, mais pourquoi un soldat en uniforme israélien, armé et combattant contre nous, serait-il considéré comme un Français ou un Américain ? Et les Etats-Unis nous réclament leurs prisonniers. On nous traite de « Daech », mais la véritable idéologie de Daech, c’est ce que nous entendons de la part de la France, des Etats-Unis, du Canada et bien d’autres, à savoir défendre des gens qui portent un uniforme militaire contre un peuple qui se bat pour sa liberté. Là sont les véritables crimes, les véritables meurtriers.
Nous avons dit que nous aborderions la question des prisonniers après la bataille. Il y a 6 000 ou 7000 prisonniers palestiniens qui croupissent dans les geôles israéliennes, certains détenus depuis plus de 40 ans, mais le monde ne réagit pas d’un iota, ce monde occidental, pour déclarer qu’il est impossible de garder quelqu’un 46 ans en prison. Cela ne les fait même pas sourciller. Pourtant, dès qu’un soldat israélien combattant est capturé dans une base militaire, le monde entier s’indigne et invoque leur droit à la liberté. Notre droit à la liberté prime sur leur droit à la liberté.
Journaliste : Quelles sont les chances d’établir un couloir humanitaire à ce stade ? Répondez brièvement, s’il vous plaît.
Saleh al-Arouri : Nous appelons à la fin de cette agression. Il y a effectivement des demandes en ce sens. Je suis au courant des contacts régionaux entre les dirigeants de la région, notamment avec l’Égypte, qui appelle à l’ouverture d’un couloir humanitaire. Cela semble être la conséquence directe du fait que le monde ne saurait assister impuissant à la souffrance de deux millions de personnes brûlées par toutes sortes d’armes, tout en étant privées d’électricité, d’eau et des éléments essentiels à la vie.
Journaliste : Je vous remercie.
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