Naïm Qassem révèle les causes des revers subis par le Hezbollah
Discours du Secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Naïm Qassem, sur les derniers développements, le 27 janvier 2025.
La victoire de Gaza
Récit et bilan : qu’est-il arrivé au Hezbollah ?
Franchise sur les revers subis par le Hezbollah
Le cessez-le-feu
La scène du retour et les violations israéliennes
Campagne de discrédit contre le Hezbollah
Quelle est la suite des événements ?
La présidence et le gouvernement
Source: Youtube
Traduction : lecridespeuples.substack.com
1. La victoire de Gaza
[...] Troisième point : Nous devons féliciter le peuple palestinien inébranlable et sa Résistance – à Gaza, en Cisjordanie et dans les territoires occupés en 1948 – pour avoir obtenu le cessez-le-feu. Nous devons également saluer les partenaires de cette victoire, en premier lieu la République islamique d’Iran sous la direction de l’Imam Khamenei, pour son soutien indéfectible à ce peuple et à sa lutte.
Notre gratitude va aussi au cher Yémen, qui a donné, s'est sacrifié et continue de le faire ; au cher Irak, avec son peuple, son autorité religieuse et sa mobilisation ; et au Liban, qui a apporté une contribution courageuse et précieuse – des sacrifices de sang et de bravoure – y compris le Maître des martyrs de la Nation (islamique), Sayed Hassan Nasrallah (que Dieu lui fasse miséricorde), dans l’effort de soutien à Gaza.
Cette victoire appartient au peuple palestinien, à tous les peuples de la région qui ont tenu bon et combattu, ainsi qu’à tous les peuples libres du monde qui ont soutenu et défendu la cause. L’objectif de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » a été atteint : replacer la cause palestinienne au premier plan du discours mondial, y compris en Occident, où sa légitimité et sa persistance ont été réaffirmées. Aujourd’hui, la libération des prisonniers constitue un véritable triomphe pour le peuple palestinien.
Israël a échoué au test de l’honneur et de l’humanité. Son projet d’éradiquer le Hamas et la Résistance a été écrasé. Au contraire, Israël s’est révélé comme une entité criminelle et belliqueuse, qui n'excelle qu'à l’extermination du genre humain. Il n’a pas réussi à récupérer ses captifs autrement que par la négociation et a étalé sa profonde faiblesse, car sans le soutien américain total – par air, par mer et par terre, avec toutes les ressources possibles – il n’aurait pas tenu une seule semaine.
Le peuple palestinien mérite de vivre et d’être libéré. Si Dieu le veut, il obtiendra la liberté totale de sa terre, du fleuve à la mer. La marche retentissante du sud vers le nord de Gaza est une manifestation éclatante de libération populaire, le soulèvement d’un grand peuple qui a tant donné.
Félicitations pour la libération des prisonniers en grand nombre et la tête haute. Salutations aux martyrs et aux blessés résistants – hommes, femmes et enfants. Honneur et salut à tous.
2. Récit et bilan : qu’est-il arrivé au Hezbollah ?
J’en viens maintenant à la partie la plus importante de mon discours, que j’ai intitulée « Récit et bilan ». Cette partie couvre six points essentiels : ce que nous avons affronté, l’honnêteté envers le peuple, le cessez-le-feu, la lutte contre la campagne menée contre nous, ce qui suivra l’expiration du délai de retrait israélien, ainsi que les discussions sur la présidence et le gouvernement.
Qu’avons-nous affronté ? L’agression contre le Liban, à l’image de celle menée contre Gaza, a été soutenue par les États-Unis et l’Occident – des forces qui foulent aux pieds les lois, profanent tout ce qui est sacré et tuent aveuglément, tout en détruisant la pierre, les arbres et la vie elle-même, sans aucune limite ou retenue. L’écart entre la puissance militaire israélo-américaine et les capacités de la Résistance reste immense, quelles que soient les forces accumulées par cette dernière. Soyons clairs et reconnaissons la réalité : il existe une supériorité militaire israélo-américaine écrasante face aux ressources militaires qui sont entre les mains de la Résistance.
Cependant, la Résistance n’est pas seulement un choix militaire ; elle est un engagement idéologique, politique, national et humanitaire pour affronter l’occupation, contrer ses ambitions et libérer les terres occupées. De plus, il y a un contraste fondamental entre la légitimité et la force de la cause sacrée de la Résistance et l’illégitimité et la fausseté de l’occupation et de l’agression. À terme, la vérité l’emporte toujours sur le mensonge, car elle est intrinsèquement plus forte et plus enracinée.
Nous sommes donc face à deux réalités contrastées :
La supériorité militaire israélienne.
La supériorité de la droiture et de la volonté de la Résistance face à l'illégitimité de l’occupation.
Nous sommes plus forts dans notre foi, notre cause et nos droits qu’ils ne le sont dans leur occupation et leur agression. Se focaliser uniquement sur les comparaisons militaires est une erreur. Il faut au contraire mettre en avant la puissance de la foi, de l’engagement, de la volonté, de la résistance, du combat, du sacrifice et de la capacité à endurer les épreuves face à Israël.
Prenez acte de cette victoire !
Israël et les États-Unis ont cherché à éliminer la Résistance. Israël a lancé sa campagne avec cinq divisions militaires – 75 000 soldats et officiers – usant d’une force brutale et de criminalité pour atteindre cet objectif. Mais la Résistance a tenu bon !
Toutes les factions de la Résistance – le Hezbollah, Amal, le Groupe islamique du Liban, le Parti social nationaliste syrien et tous les autres combattants des différents mouvements qui y ont pris part – ont affronté l’ennemi avec une résilience légendaire, une bravoure exceptionnelle et un esprit husseinite du martyre qui s’est manifesté sur le champ de bataille, comme tout le monde a pu le constater. Sur le champ de bataille, les combattants héroïques de la Résistance ont offert leur crâne à Dieu Tout-Puissant. Notre peuple a enduré de nombreux et grands sacrifices, et des martyrs se sont levés, au premier rang desquels le chef des martyrs de la Résistance et de la Nation (islamique), Sayed Hassan Nasrallah (que Dieu soit satisfait de lui).
La Résistance a fait preuve de cohésion et de puissance, rétablissant le commandement et le contrôle tout en comblant le vide de direction dans les dix jours qui ont suivi l’onde de choc provoquée par les frappes israéliennes : nous avons élu un nouveau Secrétaire général et pourvu tous les postes de direction sur tous les points de combat, sans exception. Du 27 septembre au 7 octobre, soit 10 jours, nous avons traversé les jours les plus difficiles, Israël mettant en œuvre une stratégie bien planifiée visant à porter un coup fatal au Hezbollah. Mais grâce à la force de la foi et au choix de la Résistance, nous avons retrouvé notre force avec cet élan que le Maître des martyrs (Sayed Nasrallah) nous a insufflé. Nous avons comblé les vides et pris les mesures nécessaires pour rester fermes sur le champ de bataille.
Un verset coranique l'exprime très précisément. Le Tout-Puissant a dit :
« Ou bien pensez-vous entrer au Paradis sans avoir traversé les épreuves de ceux qui vous ont précédés ? Ils ont connu la souffrance et l’adversité, et furent si ébranlés que même le Messager et les croyants qui étaient avec lui s’écrièrent : “Quand viendra donc le secours de Dieu ?” Ah ! En vérité, le secours de Dieu est proche. » (Coran, 2:214)
Prenez acte de cette victoire !
Les opérations de la Résistance se sont intensifiées, et les Israéliens n’ont avancé que de quelques centaines de mètres sur le front, grâce à la ténacité légendaire des moudjahidines.
Nos déplacés ont tenu bon, plaçant leur confiance en Dieu et apportant un soutien véritable aux lignes de front. Les combattants ont trouvé du réconfort auprès de leurs familles, tout comme les familles ont trouvé du réconfort dans la fermeté de la Résistance sur le champ de bataille, ayant pleinement confiance l'un en l'autre. Le peuple libanais, toutes confessions et régions confondues, est resté fidèle et présent.
L’armée libanaise a fait des sacrifices, de même que les équipes de défense civile et les organisations de santé qui ont rempli leur rôle avec courage ; et les médias ont joué un rôle crucial dans la transmission de la vérité. Nous devons également reconnaître le soutien indéfectible de la République islamique d’Iran et l’appui des peuples iranien et irakien, ainsi que l’aide d’autres alliés.
Quel a été le résultat ? L’ennemi israélien n’a pas atteint ses objectifs :
Il n’a pas pu progresser sur le front.
Il n’a pas réussi à déclencher des conflits sectaires au Liban.
Il n’a pas pu démanteler la Résistance, qui est restée forte sur le terrain.
L’armée israélienne a subi de lourdes pertes, et l’entité sioniste essuie des revers sur tous les fronts, perdant la stabilité et la sécurité, avec de lourdes répercussions économiques, sociales, politiques et psychologiques.
Face à l’usure et à l’impasse prolongée, Israël, par l’intermédiaire des États-Unis, a demandé un cessez-le-feu. Nous avons, aux côtés de l’État libanais, accepté ce cessez-le-feu. Et c’est une nouvelle victoire !
Prenez acte de cette victoire !
3. Franchise sur les revers subis par le Hezbollah
J’en viens maintenant au deuxième point de mon discours, que j’ai intitulé « Franchise ». Cette franchise est nécessaire, car le public n’a pas encore entendu les mots que je vais prononcer, ni notre point de vue sur ce qui s’est passé. Cette honnêteté s’adresse aux partisans de la Résistance. Quand je dis « les partisans de la Résistance », je veux dire :
L’environnement immédiat de la Résistance.
Tous les membres de la Résistance, sans exception.
Tous ceux qui soutiennent et défendent la Résistance, que ce soit au Liban, dans la région ou dans le monde.
La Résistance n’est pas seulement un groupe d’individus ou un parti ; c’est un vaste mouvement – hommes et femmes, jeunes et vieux – qui contribue sur tous les plans.
L'environnement immédiat la Résistance est ferme et endurant, et j'ai confiance en lui, car ce sont les masses issues de l'éducation husseinite, qui donne et sacrifie (sans compter) ; ce sont les masses de l'Imam Khomeini, que Dieu sanctifie son âme noble, qui a brisé le Shah et entraîné un tremblement de terre dans la région et dans le monde par la victoire de la Révolution islamique bénie en Iran ; ce sont les masses de l'Imam Moussa al-Sadr, qui a ouvert la porte à la Résistance ; ce sont les masses de Sayed Hassan Nasrallah, que Dieu le Très-Haut l'agrée, qui est entré dans les cœurs, dans les maisons et partout, sans aucune entrave. Mais certains partisans de la Résistance s’interrogent et s’étonnent de ce qui s'est passé, et c’est légitime. Ce qui s'est passé était considérable, la guerre a été immense, et certains de ses résultats étaient inattendus ; il est donc naturel que de telles questions se posent. Je vais apporter une réponse claire à ces questions.
Premièrement, du fait des capacités militaires accumulées par la Résistance, notamment les missiles, les roquettes et les drones, ainsi que les manœuvres qui ont révélé une force exceptionnelle en ce qui nous concerne, beaucoup ont pensé que nous allions vaincre militairement Israël d’un coup décisif si une confrontation advenait entre nous. Ils ont considéré que notre force était suffisante pour vaincre Israël militairement. Cette (fausse) conception était présente dans les esprits.
Deuxièmement, nos capacités de dissuasion, construites sur 17 ans, ont créé l’attente qu’Israël n’oserait pas entreprendre d’action majeure, par crainte de notre riposte. Cela a amené les gens à croire que notre force militaire était suffisante pour créer une dissuasion majeure et permanente.
Troisièmement, les victoires précédentes – la Libération de 2000, la guerre de juillet 2006 et la victoire contre Daech et les takfiris en 2017 – ont donné l’impression que nous étions toujours triomphants sur le plan militaire du fait de notre supériorité.
Quatrièmement, nos partisans ne s’attendaient pas à ce que nous perdions un si grand nombre de dirigeants — à leur tête Sayed Hassan Nasrallah, le Maître des martyrs de la Résistance, que Dieu l'agréé — en si peu de temps. Cela était inattendu du fait de nos capacités militaires, de notre immense organisation, de nos capacités sécuritaires, était-il raisonnable de s'attendre à de telles pertes dans nos rangs, si fulgurantes ? Nos partisans ne s'attendaient pas à cela. Nous-mêmes n’avions pas anticipé une telle ampleur de pertes parmi nos dirigeants.
Cinquièmement, il ne fait aucun doute que les failles en matière de renseignement, la domination de l’ennemi dans le domaine des communications et de l’intelligence artificielle, de même que l’aviation israélienne qui couvre entièrement le Liban, ont tous joué un rôle majeur dans les coups sévères portés à la Résistance. Il s’agissait d’une faille majeure : nous étions fortement exposés sur tous ces plans. Nous menons actuellement une enquête pour en tirer les leçons et prendre les mesures nécessaires. Ce qui s’est produit était extraordinaire et inattendu ; nous devons donc en comprendre chaque détail. Cette vulnérabilité n’aurait pas dû être présente, mais elle a eu lieu.
Ce qu’il faut retenir de mon propos, c’est que la Résistance ne peut être la plus forte militairement, et que nous ne devons pas considérer que sa supériorité soit définie comme militaire. En aucun cas. La Résistance a triomphé d’Israël par sa foi, sa jeunesse, ses femmes, ses enfants, ses aînés, ses sacrifices, le sang de ses dirigeants et le prix qu’elle continue de payer. C’est ainsi que la Résistance l’emporte. L’aspect militaire n’est qu’un des instruments de la victoire. La Résistance puise sa force dans ses décisions, sa volonté et ceux qui croient en elle. Elle est la plus forte par sa fermeté, et sa capacité à endurer d’immenses sacrifices. Elle est la plus forte par sa continuité inébranlable.
Dans cette bataille, nous avons atteint les deux grandes récompenses : le martyre et la victoire. Des chefs, des êtres chers, des combattants, des femmes, des enfants et des hommes sont tombés en martyrs, et dans le même temps, ceux qui sont restés sur le terrain ont gagné — car la Résistance persiste. Cette victoire est le fruit de notre endurance et de notre résilience.
Prenez acte de cette victoire !
4. Le cessez-le-feu
Nous avons accepté le cessez-le-feu parce que c’est nous qui avons été attaqués, et que c’est l’agresseur qui a demandé l’arrêt de son offensive sous conditions. Nous avons accepté d’y mettre fin parce que nous ne l’avons jamais recherchée et que nous n’avons pas non plus choisi la guerre en premier lieu. Il était donc naturel d’accepter le cessez-le-feu, indépendamment de certaines conditions spécifiques.
Deuxièmement, nous l’avons accepté parce que l’État a pris la décision d’agir pour protéger la frontière et expulser Israël. C’était l’occasion pour l’État d’assumer ses responsabilités et d’éprouver sa capacité politique. Nous avons accepté le cessez-le-feu parce que l’agression visait d’abord le Hezbollah, avant de s’étendre à l’ensemble du Liban. Il incombe au Liban — à son armée, à son peuple, à sa Résistance, à son État et à toutes ses forces politiques — de chasser l’occupant et de préserver la souveraineté nationale. Ce devoir appartient à tous.
Avec cet accord, nous sommes entrés dans une nouvelle phase. En tant que Hezbollah et Résistance islamique, ainsi qu’avec tous les Résistants qui se tiennent à nos côtés, nous nous sommes pleinement engagés à respecter le cessez-le-feu. Pendant ce temps, Israël l’a violé environ 1 350 fois — par voie aérienne, terrestre et maritime — à travers des bombardements, des attaques, des démolitions de maisons et d'infrastructures et des incursions de drones.
Nous sommes restés engagés en tant que Hezbollah, maintenant une communication permanente avec les autorités politiques. À un certain stade, je ne vous cache pas que nous avons envisagé de riposter aux attaques, mais elles nous ont dit : « Si nous ripostons deux, trois ou même quatre fois, cela sera assimilé aux 1 350 violations, ce qui reviendrait à dire que les deux parties ont rompu l’accord. » Autrement dit, notre riposte aurait été présentée comme équivalente à leurs violations incessantes. Il valait donc mieux faire preuve de patience, malgré le sentiment d’humiliation.
Israël a agi par dépit, cherchant à se venger en rasant des terres, en démolissant des maisons, en déracinant des cultures. Ces actes n’ont aucune justification militaire ou sécuritaire : il s’agit d’une vengeance face à sa défaite et à ses pertes, ainsi que d’une tentative de projeter une image de force auprès de ses colons.
Quoi qu’il en soit, nous avons respecté notre engagement, contrairement à Israël. Nous savions que ces soixante jours allaient passer et qu’avec l’aide de Dieu, nous tiendrions autant que possible malgré les pertes. Si Dieu le veut, la situation s’améliorera.
5. La scène du retour et les violations israéliennes
Dieu soit loué, la scène du retour qui s'est déroulée dans le cadre de l’accord, le 26 janvier à 4 heures du matin, était grandiose. Les gens n'ont pas attendu une seconde : nous avons assisté à un flot ininterrompu de voitures et de personnes retournant vers le Sud, la banlieue sud de Beyrouth, la Békaa et au-delà. Les célébrations de la victoire ont été immenses. J’ai même retardé ma déclaration de deux jours, en disant : « Plutôt que d’annoncer la victoire, assistons à la déclaration de cette victoire par le peuple lui-même. »
Oui, nous avons été victorieux—parce que nous sommes revenus, parce que nous avons repris notre terre, et parce que l’occupant a été stoppé net et sera, au bout du compte, contraint de se retirer, contre sa volonté, grâce à notre résilience et aux sacrifices de la Résistance et du peuple.
Les célébrations ont gagné toutes les régions, c'était flagrant. Sur le terrain, les combattants n’ont jamais vacillé, ne serait-ce qu’un instant, la tête haute, la détermination intacte.
Prenez acte de cette victoire !
https://x.com/lecridespeuples/status/1883535237323633060
Les violations israéliennes, qui se poursuivent, sont douloureuses, mais nous avons choisi de faire preuve de patience et de laisser l’État assumer ses responsabilités. Malheureusement, le garant américain de l’accord n’est autre que le protecteur et le complice des crimes israéliens. Il n’a joué aucun rôle dissuasif ; au contraire, il a facilité et justifié les actions d’Israël.
Nous avons exhorté l’État à faire pression, et il a agi à tous les niveaux, mais les États-Unis restent à la fois le gardien et le voleur—un proverbe qui leur correspond à 100 %. Malgré tout, nous n’avons donné aucun prétexte à l’escalade, conscients que c’est à l’État seul de prendre les rênes et de gérer cette phase ainsi que l’affrontement avec Israël.
Beaucoup de ceux qui se disent « souverainistes » sont restés silencieux face aux violations d’Israël. Pendant soixante jours, nous n’avons entendu aucune critique à ce sujet, alors qu’ils sont toujours prompts à élever la voix dès que quelque chose va dans le sens des Etats-Unis ou de leur agenda anti-Résistance. Quelle étrange attitude ! Il s'agit pourtant du Liban, qui est nôtre Liban et le leur. C’est notre patrie commune. Nous avons toujours affirmé que, même ceux qui nous sont opposés politiquement restent nos partenaires dans cette nation. Pourtant, nous n’avons rien entendu de leur part sur les violations israéliennes. Ils n’ont pas demandé de comptes aux Américains, ils ne se sont pas indignés, ils n’ont pas soutenu l’État dans cette affaire. Pourquoi ? Ils auraient dû condamner ces violations—ils en portent, eux aussi, la responsabilité. Mais au lieu de cela, ils ne font rien d’autre que nous mettre des bâtons dans les roues et fabriquer des récits qui servent leurs propres intérêts. Ils nous disent : « Vous n’avez pas gagné ! » Qu’ils disent ce qu’ils veulent. Nous avons gagné—qu’ils le veuillent ou non. Et s’ils ne sont pas contents, qu’ils aillent voir ailleurs ! Je n’en dirai pas plus. Qu’ils trouvent eux-mêmes comment composer avec cette réalité : cette victoire indéniable, sur le terrain.
https://x.com/lecridespeuples/status/1883534936625615199
Quoi qu'il en soit, l’accord suivait la voie de l’État, et nous étions sur la même longueur d’onde. Mais voici la grande question : Qu’avez-vous fait ? Ce qui s’est passé avec la rupture de l’accord ne fait que confirmer l’indispensable nécessité de la Résistance pour le Liban. Certains diront que la Résistance s’en sert comme prétexte, mais la réalité est limpide : tant que la Résistance combattait activement, Israël n’osait pas avancer. Mais dès qu’un accord a été conclu et que des négociations politiques ont commencé, Israël s’est mis à pénétrer dans les villages et à agir à sa guise. Alors, qu’est-ce qui a contenu Israël : la diplomatie ou la Résistance ? Voilà la preuve irréfutable que la Résistance est essentielle et demeure la véritable force face à l’ennemi israélien.
6. Campagne de discrédit contre le Hezbollah
Quatrièmement, une campagne a été menée contre nous, même en plein milieu de la guerre. Elle venait principalement de l’intérieur, mais aussi de l’extérieur, et toutes ses attaques visaient à nous faire passer pour vaincus.
Dites-moi, quel est votre intérêt à présenter une victoire comme une défaite ? Pourquoi vous empressez-vous de devancer les événements et d’affirmer que le Hezbollah et Amal ne peuvent pas survivre, que la Résistance s’affaiblit et finira par tout perdre ? Au final, je suis certain que beaucoup sont restés sous le choc, car aucun de leurs espoirs ne s’est réalisé. Ils ont mobilisé tous les médias, toutes les plateformes, tous les analystes, tous les journalistes—tous ont répété en boucle le récit de la défaite. Ils s’acharnent inlassablement à démoraliser notre peuple, nos partisans. Mais je vous le dis : leur objectif de nous briser a échoué—et échouera toujours.
https://x.com/lecridespeuples/status/1883535694922154077
La Résistance, sans l’ombre d’un doute, a gagné. Elle est toujours victorieuse—par ses martyrs, ses sacrifices, ses triomphes tangibles, sa continuité. Elle a triomphé par sa foi, et sa volonté inébranlable. Elle demeure debout. Elle a gagné en imposant un cessez-le-feu, en tenant bon, en résistant. Elle a gagné parce que l’ennemi n’a pas atteint ses objectifs. La Résistance a triomphé par ce peuple noble et grand qui, dès le premier instant du cessez-le-feu, à 4 heures du matin le 26 janvier, est retourné dans ses villages en première ligne. La Résistance a gagné une fois de plus – oui, une fois de plus – lorsque ce peuple a déferlé dans ces villages , bravant la présence israélienne persistante, en confrontation directe avec l’occupation. C’est ce même peuple qui a revendiqué la victoire le 26 janvier, lorsque nous avons vu des villages débordant de leurs habitants, d’autres regagnant leurs terres, debout, désarmés, mais défiant l’occupant.
Je me remémore le verset sacré qu’ils brandissent en étendard : « Ne faiblissez pas, ne vous affligez pas : vous êtes les supérieurs, si vous êtes croyants. » (Coran, 3:139) Avez-vous vu la scène ? Avez-vous été témoin de cette marche du peuple dans son propre cortège de libération ? Avez-vous vu ce peuple noble, honorable, inébranlable ? Regardez cette femme dans sa abaya, debout sans crainte face aux chars, aux mitrailleuses et aux soldats. Regardez ces hommes, ces femmes, ces jeunes avançant avec leurs enfants, imperturbables face aux tirs, même à bout portant. Vous les voyez debout, fiers, inébranlables. La vie est entre les mains de Dieu tout-puissant, mais la dignité est la responsabilité de l’homme. Telle est leur conviction.
https://x.com/lecridespeuples/status/1883513754723479916
Ce peuple possède la dignité. Et ceux qui ont la dignité se tiennent debout. Ceux qui ont la dignité avancent en première ligne pour affronter Israël. Ceux qui ont la dignité ne se laissent intimider ni par leurs armes, ni par leurs politiques, ni par leur soutien américain. Ce peuple a l’honneur et la fierté. Il veut sa terre, et c’est pourquoi nous l’avons vu là-bas, à Khiam, à Aytaroun, Aïta ach-Cha'b, à Yaroun, à Blida, à Houla, à Mays al-Jabal, à Maroun al-Ras, à Taybeh, à Ramiya, à Bani Hayan, à Bint Jbeil, à Qantara et dans bien d’autres villages. Chacun de ces villages est devenu un symbole de résistance, de fierté, de défi populaire, de marche vers la libération et de confrontation face à Israël.
Israël ne peut maintenir son occupation face à un peuple aussi résilient et inébranlable. Ce peuple mérite la vie et la restitution de sa terre. Il ne peut être vaincu, et sa terre ne peut rester occupée – quelles que soient les conspirations d’Israël, des Etats-Unis ou de leurs alliés. Quelles que soient les menaces, quels que soient les assassinats, Israël doit quitter notre terre occupée.
Et voici la scène déterminante : l’armée libanaise, aux côtés du peuple libanais, dans un acte de résistance noble et honorable à la frontière libanaise, face à Israël. C’est un moment d’une immense dignité. Nous l’avons toujours défendu l'équation Armée, Peuple et Résistance. On nous demandait autrefois : « Où sont l’armée, le peuple et la résistance ? » Eh bien, les voici, debout, ensemble, formant à tous deux la Résistance.
La Résistance, ce n’est pas seulement ceux qui prennent les armes. C’est aussi cette présence qui se dresse fermement contre l’ennemi israélien sous toutes ses formes et en tous lieux. La Résistance est née de ce peuple, de ces villages, de tout le Liban. L’Armée, le Peuple et la Résistance – cette trinité a arrêté Israël, l’a empêché d’atteindre Beyrouth, l’a stoppé avant le fleuve Litani. Cela est clair pour tous. Cette trinité est aussi évidente que le soleil à midi. Ce n’est pas elle qui pose problème, ce sont ceux qui refusent de la voir.
Mais même s'ils le nient, le soleil continuera de briller, malgré la rancœur des haineux. L’Armée, le Peuple et la Résistance – voilà le champ de bataille, voilà la Libération, voilà la victoire, voilà le fondement d’une nation forte. Et, si Dieu le veut, elle restera rayonnante.
7. Et après ?
Cinquièmement, que se passera-t-il lorsque le délai de retrait d’Israël arrive à échéance ?
Israël est tenu de se retirer du fait de l'expiration du délai de soixante jours. Nous n’accepterons aucune justification pour une prolongation – pas d’un seul instant, pas d’un seul jour. Nous ne tolérerons aucun retard. Nous avons reçu des informations selon lesquelles les Américains sollicitent les responsables libanais, proposant de prolonger l’accord jusqu’au 28 février – ce qui signifierait qu’Israël ne se retirerait pas avant cette date.
Les responsables libanais ont refusé. Ils ont répondu : « D’accord, nous le ferons le 18 février. » Là encore, la réponse a été négative. Puis on a dit : « Nous avons besoin de cinq sites, ce sont des collines. » La réponse a encore été négative.
Nous sommes certains que Son Excellence, le Président Joseph Aoun, ne concédera jamais le moindre gain à Israël. Regardez comment il a tenu bon lorsque le peuple a marché vers le sud—comment il a ordonné à l'armée de se tenir à ses côtés, l'a bénie et a renforcé sa détermination. Les Etats-Unis s'attendent-ils vraiment à ce que quelqu'un au Liban accepte de prolonger le délai du retrait israélien ? Que quelqu'un, de son propre chef et par sa propre décision, prolonge l'agression ? C'est impossible. Personne au Liban—ni le président Nabih Berri, ni le Premier ministre Mikati—n'accepterait une telle prolongation, ne serait-ce qu'un instant. Israël doit partir. C'est sa responsabilité, et c'est aussi celle de la communauté internationale. Qu'ils menacent, qu'ils intimident—s'ils choisissent de rester des occupants, ils devront en assumer les conséquences.
Toutes les répercussions d'un retrait retardé incombent aux Nations unies, aux États-Unis, à la France et à l'entité israélienne. Il leur appartient d'exercer des pressions sur Israël. La position du président français était louable lorsqu'il a exhorté Israël à respecter et à mettre en œuvre l'accord, mais la position américaine est honteuse : elle justifie le retard et cherche à l'étendre. Que veulent-ils exactement de nous ? Que nous acceptions une prolongation de l'agression ? Croient-ils vraiment que quiconque ayant un minimum de dignité et de fierté accepterait une telle chose ? Qu'ils cherchent des groupes parmi leurs partisans prêts à suivre leur voie—peut-être y en aura-t-il. Mais ce peuple, fier, héroïque et courageux, n'acceptera jamais.
La poursuite de l'occupation est une attaque contre la souveraineté libanaise, et il est de la responsabilité de tous d'y faire face—le gouvernement, le peuple, la Résistance, les partis, les communautés et toutes les confessions. Personne ne peut se permettre de rester en retrait. Il s'agit d'une occupation, et ce n'est pas seulement l'affaire de la Résistance, mais bien celle de la terre libanaise. Oui, ce sont les chiites qui y vivent majoritairement, mais cette terre—10 452 kilomètres carrés—appartient au Liban et à tous les Libanais. Nous appelons à la vigilance.
Aujourd'hui, certains se demandent : « Quelle est la position du Hezbollah ? Quelle est la position de la Résistance ? » J'ai rédigé seulement deux lignes qui définissent notre position fondamentale : « Nous sommes confrontés à une occupation qui poursuit son agression et refuse de se retirer, et la Résistance a le droit d'agir comme elle l'entend quant à la forme, à la nature et au moment de la confrontation. » Tel est notre message à tous—que chacun comprenne ce qu'il veut.
8. La présidence et le gouvernement
Pour conclure, pendant la guerre, j'ai fait deux déclarations directes affirmant que nous nous inscrivons dans le cadre de l'accord de Taëf et de la Constitution, et que nous restons déterminés à élire un président le 9 janvier. Il s'agissait d'une réponse claire à ceux qui s'interrogeaient sur le rôle du Hezbollah, ainsi qu'une confirmation que, même en combattant Israël, nous restons pleinement engagés sur les questions intérieures.
Le duo chiite (Hezbollah et Amal) a permis un choix présidentiel fondé sur le consensus avec l'élection de Son Excellence le Président Joseph Aoun. Sans leur participation, il n'y aurait pas eu de consensus, et le président n'aurait pas été élu à cette date, ni d'une manière aussi noble et exemplaire, reflet de l'unité nationale. Nous contribuons lorsque l'accord est trouvé. Nous contribuons lorsque l'unité est préservée. Et nous réussissons. C'est une force—non seulement pour le duo national chiite, mais une force légitime et digne d'éloges.
Il y a eu une tentative de compliquer le mandat présidentiel en imposant un Premier ministre sous prétexte qu'il s'opposerait à nous ou créerait un conflit avec nous. En effet, il y a eu deux ou trois jours difficiles et tendus, psychologiquement parlant. Mais nous avons agi avec sagesse—parce que nous recherchons le consensus, parce que nous voulons un pays stable, un gouvernement fonctionnel, un État debout, et une concorde nationale.
Nous avons coopéré avec le Premier ministre désigné et, par la grâce de Dieu, nos relations avec lui se déroulent sans encombre. Aujourd’hui, les obstacles ne viennent pas de nous, mais des autres. Ceux qui, lors de la nomination du président, affirmaient : « Nous ne voulons pas de ministres, nous n’interviendrons pas, nous lui laissons les mains libres » sont aujourd’hui les premiers à exiger des parts et des postes. Chacun cherche sa part, calcule et marchande, mais aucun n’est satisfait.
Le problème vient d’eux. Je vous le dis : entre nous, le Premier ministre et le président, tout se passe bien, grâce à Dieu, sans le moindre problème ou obstacle.
Les missions du nouveau gouvernement sont :
L'unité nationale en premier lieu. L’unité doit être instaurée à l’échelle nationale, et non au niveau de la formation du gouvernement Le président doit adopter une méthode de formation qui tienne compte des défis internes et externes.
L'expulsion d’Israël du Liban par tous les moyens nécessaires.
La reconstruction : à ce jour, le parti a recensé 270 000 unités de logement et fourni une aide à la réparation et à l’hébergement à environ 200 000 personnes. C’est un accomplissement majeure, mais nous avons besoin de plus de temps. J’appelle la population à faire preuve de patience : l’ampleur de cet effort est immense, et ce que nous avons accompli aujourd’hui dépasse largement ce que nous avions réalisé en 2006. J'exprime ma gratitude au Comité de reconstruction, à Jihad al-Binaa, au Comité Waad et à tous ceux qui ont travaillé sans relâche à cette entreprise. Leurs réalisations sont véritablement remarquables.
Mise en place d’institutions pour le projet de renaissance et de sauvetage national.
Restitution des droits à leurs propriétaires.
Lutte contre la corruption et reddition de comptes des corrompus.
Je demande à Dieu Tout-Puissant de nous accorder le succès dans nos efforts.
Que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur vous.
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